Boum-boum Indonésie! (1ère partie)

Publié le par 3643eur

 

 

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Courage, fuyons ! Juste atterris de Chine à Bali, nous décidons sur le champ de mettre le cap à l’est à la recherche d’endroits moins électrisés et surpeuplés. L’expérience de la Chine aurait pourtant dû nous vacciner des endroits bruyants. Et bien non. Kuta Bali c'est l'effervescence chaotique indonésienne de base, plus la méga station balnéaire internationale avec son cortège de bars et de boîtes. Nous y passons deux nuits et un jour, le temps de choisir l'échappatoire.

 

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Nous voguerons donc vers Lombok, l'île voisine. La traversée du détroit séparant les deux îles se fait en speedboat. Un speedboat est un bateau d’une cinquantaine de places avec, plantés en rangs d’oignons sur la poupe, 6 moteurs hors-bord de 250 chevaux chacun. Bref, imaginez la puissance de trois camions de 40 tonnes combinés et vous aurez une bonne estimation. Pleins d’audace et de joie de vivre, nous montons sur le toit – pratique courante en Indonésie, le plus souvent pour échapper à l’entassement étouffant régnant à l’intérieur des véhicules. En 15 minutes, et sous un soleil ardent, nous sommes douchés des tongs aux Ray-ban.  A cause de la vitesse, nous traversons les vagues à la place de les naviguer. Le ton est donné avant d’arriver sur l’île signifiant piment en Indonésien – et qui porte bien son nom.

 

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Lombok la musulmane – les autres religions du pays (chrétiens et bouddhistes) y sont très minoritaires - possède des trésors naturels. A commencer par le volcan Rinjiani, que nous n’escaladerons finalement pas, car trop de temps passé sous l’eau. Nous traçons vers une autre ville, Kuta, au sud de l’île.

 

 

 

9L’endroit est superbe, et étrangement chaotique - c'est une constante. Un seul hôtel de luxe borde la côte. Tout le reste ne sont que paillotes et immeubles en dur mais faits de bric et de broc. Nous l’apprendrons plus tard, et certains de nos amis douloureusement, l’endroit jouit d’une très mauvaise réputation. Convoitées pour leur beauté par de nombreux promoteurs, y compris des descendants de Suharto, les plages de Kuta et de ses environs vivent au jour le jour. Ici, le touriste est un bien qu’on se partage à son arrivée. Gare à celui qui enfreint la règle. Entre locaux, comme de la part du touriste. Des voyageurs se sont fait agresser et huer pour avoir commandé un taxi hors du village. La violence et le vol sont aussi omniprésents. Pas un jour sans que des touristes en vadrouille sur leur scooter – loué – soient attaqués et dépouillés, machine comprise, et parfois violemment. Un couple d’ami hollandais est tombé dans une embuscade, la demoiselle avait un couteau sous la gorge tandis son ami était bastonné jusqu’à ce que les voleurs prennent la fuite. Ambiance !


 

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Pour nous, aucun problème. Joyeux comme des pinsons, on s’est laissé guider vers la vague de surf pour débutants de Gerupuk, un village dont le nom veut dire serpent (un autre signe ?). Le surf donc. Se prendre des vagues cash. Pagayer pour les dépasser, remonter le courant. Tenter le take off. Réussir ! Joie. Cela dure 10 secondes les jours de fête (30 pour Yannick). Echouer. Se faire embarquer par la lessiveuse salée et voir tous ses efforts engloutis dans un vacarme d’écume. Et recommencer car la griserie de la glisse vaut ce sacrifice. Aucun de nous n’est devenu expert, loin de là. La route est encore très longue et, comme pour la neige en Suisse, les bonnes vagues doivent être proches de chez soi pour progresser car l’entraînement doit être quotidien. N’empêche, je connais désormais le modèle de planche top pour moi : malibu 7,5. Et Yannick s’est piquée au jeu, difficile de l’arrêter.

 

14Louis surfant Desert Point (montage, mais c'est bien la vague de Desert Point! Enoooorme la vague!)

 

Pour apercevoir quelques kings de la vague, nous avons poussé nos scooters jusqu’à Desert Point, à la pointe de l’île au sud. Des rouleaux de 4 mètres défilent dans une perfection totale. Pourquoi le spot est-il réservé aux pros et aux têtes-brûlées ? Le fond n’atteint que 15 malheureux centimètres là où la vague se brise. Chaque jour amène son lot d’amochés et de planches défoncées. La mentalité surf exige de jongler avec les plus grands périls. Outre la beauté des "rides", c’est certainement ce qui le rend aussi fascinant.

 

15Une bonne session...de bricolage en perspective. Mais l'homme est entier et semble en pleine forme.

 

Ah mais, il y a un côté agaçant avec le surf qui vient, lui, des nuées de jeunes crâneurs aux poches pleines. Ils pourrissent les relations entre locaux et touristes au nom d’une "cool attitude" tellement saucée de marketing qu'elle écoeure. Voilà donc pourquoi il ne faut pas s’étonner d’être agressés pour acheter un sarong et que des nuées de bambins criards vous bondissent dessus avec leurs panneaux de bracelets. Ce sont un peu les limites de l’exercice.

 

12Le bon, la brute et le truand au marché
 

Le temps de visiter un village de bijoutiers autodidactes, bien en-dehors des sentiers battus – un article est à paraître -, nous filons tâter du détendeur et de la combi néoprène aux îles Gili. Réputées pour leur beauté, elles sont devenues un passage-rituel pour qui se promène dans les environs. Détruits à cause de la pêche à la dynamite, ses coraux reprennent vie et c’est pour cela que nous avons décidé d’y affiner nos techniques de plongée.

 

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Yannick, heureuse et fraîche, ressort de son baptême sous-marin

 

7A table, ya bon!


La haute saison voit naturellement s’envoler les prix et les agendas se noircir de réservations. Et cette fois, notre tente chinoise nous sauve. Plantée au fond du terrain vague, mais propre, de notre club de plongée, Ocean’s 5, elle a étonné et fait rigoler. Tandis que Yannick débutait avec le Padi Open water, je passais la vitesse supérieure avec l’Advanced doublé de la certification Nitrox. Pour les plongeurs qui nous lisent, posez-vous la question de vous former à cet air enrichi en oxygène. Au-delà d’augmenter le temps disponible sous l’eau, il fatigue nettement moins que l’air naturel. C’était une très bonne surprise.

 

11Parfois, une question: alors, la suite?


Jolie mais bondée, l’île de Gili Air nous retient donc le temps de notre formation de plongeurs. Puis l’envie de faire un grand saut se fait sentir et nous mettons le cap sur l’île de Flores. Plus sauvage, moins peuplée, on y entre après 24 heures de route et de bateau par le port de Labuan Bajo. Dans cette ville échaudée et constellée d’agences de plongée tenus par des occidentaux – un marché qui échappe totalement aux locaux -, nous trouvons le moyen de patrouiller et de plonger depuis un bateau durant trois jours dans les îles avoisinantes dont Komodo et Rinca avec leurs fameux lézards géants. On médite un quart d'heure et on se décide. Le départ est dans deux jours, on a le temps d'une virée dans la forêt pour voir une source et d’une nuit sur une petite île où vit Lee, un père de famille rencontré sur place.

 

Missa.jpgAutrefois, la mangrove recouvrait la langue de terre, depuis colonisée. Il n'y a plus un mètre carré constructible sur Missa.

 

Lee s’occupe de nous inventer deux places sur le frêle esquif pétaradant qui fait la liaison avec Labuan Bajo. Nous passons l’après-midi à faire du snorkeling en évitant les courants dignes de rivières de montagne. Mais l’enjeu en vaut la chandelle puisqu’on passe un quart d’heure nez-à-nez avec deux gros calamars en suspension. Auparavant une raie bleu vif nous filait sous le nez. Et tout autour se joue une symphonie de couleurs et de mouvements entre coraux, anémones et nuées de poissons et poissonnets. Tandis que l’île de Missa succombe sous le nombre d’habitants et que les détritus suivent le mouvement des marées sur les rivages, le show qui se déroule sous nos yeux semble d’autant plus irréel.

 

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Démonstration de danse pop, à gauche, par l'une des filles de Lee, dans le dos de Yannick, à droite et entourée de 3 autres petites filles, qui, elle, étudie son indonésien

 

Le lendemain, nous atteignons la plage immaculée de Bidadari Island sur un rafiot de pêcheur tellement bruyant que Yannick n’entendra plus très bien d’une oreille durant deux jours. La plage est la seule partie de l’île non privatisée. Comme de nombreux endroits en Indonésie, les plus beaux et préservés, Bidadari Island est privée, achetée par un couple d’anglais qui y ont construit un complexe hôtelier. Leur politique est simple : aucun contact avec les visiteurs. Heureusement que les employés, de jeunes gars de la région pleins d’humour, ont brisés la règle en nous offrant le soir une bière et deux sandwichs car nous n’aurions rien mangé de la journée.

En effet, il était prévu que notre bateau l’ « Embaku » vienne nous récupérer vers 17h à cet endroit pour la mini croisière "sportive". On allait donc avoir un navire à nous au milieu d’une région de rêve. Les pieds dans le sable ou le tuba au bec, on attend donc calmement le bon moment.

 

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Le pont avant de l'Embaku, le fantôme d'une soirée

 

Le jour décline, la nuit tombe, et personne ne vient. Finalement, des employés de l’hôtel nous rejoignent pour voir si tout va bien, on les rassure que tout est en ordre – en voulant y croire aussi. Nous avions heureusement notre tente et matériel de camping, donc on pouvait passer la nuit sur place. Mais manquer le bateau et rester plantés sur une plage où débarquent parfois des touristes pour repartir juste après et en devant chasser l’insecte et grignoter des feuilles pour tenir,  ça non, ça ira, merci. Finalement, sur le coup de minuit, un petit canot se pointe avec à bord le dive master et le pilote. A cause d’un retard dans la préparation du navire, ils n’avaient pas encore quitté le port. Mais notre maître ès profondeurs imaginait qu’une nuit de plus dans le resort ( où nous résidions, naturellement, il n'avait aucun doute là dessus) n’allait pas changer grand-chose. Très heureux qu’il se soit inquiété un peu plus, nous rejoignons l’Embaku à 1h du mat', un bateau traditionnel en bois superbe qui sera notre maison pour prochains jours. 

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