What happen? Ou l'accident de jacuzzi...
(Suite et suite des vacances indiennes)
J’étais donc sur la bonne voie pour achever la première semaine « pure » de ma vie (c’est-à-dire sans aux ni oignons), mais au matin du 6e jour, un message :
« Peut-être devras-tu me rejoindre à Cochin plutôt qu’à Varkala. Ma blessure à l’oreille doit être examinée avec plus d’attention. J’attends des news du livret ETI et te tiens au jus (…) »
Moi : « Hein ? »
4 heures plus tard me voilà à Varkala...
... Pour m'y rendre, je monte dans un rikshaw classique, c'est-à-dire sans aucun sens de l'orientation. D'où les 4 heures de trajet plutôt que 3 heures (pour ceux qui connaissent). Puis à Varkala, il nous faut encore trouver la bonne Bamboo House, une vingtaine au total, le bambou étant fort à la mode.
Et enfin! Là! Largement bandé! Mon fiancé! Emotion!
Il tente de m'accueillir avec le désormais traditionnel dodelinement de la tête. En vain. Sa tête refuse de bouger. Il roule les yeux, je comprends qu'il est content. Aaaaaaaah!!! What happen????
(ci-dessous Louis une dizaine de jours après l'accident. Wolverine et Mowgli ne font qu'un)
Je pensais pourtant être partie trop peu de temps pour qu'il puisse se blesser. Grossière erreur. Haha, arrêtons-nous là pour éviter la censure (lui aussi possède les codes d'accès de ce blog).
Donc, what happen?? Un accident imprévisible, autant qu'habituel dans la région (ça on aurait aimé le savoir avant). Des vagues - en apparence inoffensives!- pourtant agitées de forces maléfiques, dignes d'un jacuzzi de Titan. Les malheureux qui tentent de les body-surfer (comme Louis) se retrouvent souvent écrasés contre le fond sablonneux (comme Louis). Et parfois doublement. Gauche, droite et encore un petit coup à gauche (comme Louis). Boum, boum, boum!
La traîtresse l'avait donc lâchement happé, lui, toujours prêt à surfer la vague. Ce coup du sort conditionnera dès lors nos projets en Inde, heureusement encore très vagues ;-).
Avant tout, il s'agit de soigner correctement Louis. Le premier hôpital s'est acquitté de la tâche de façon très artistique, dixit l'intéressé et la preuve, là, sous mes yeux.
Nous quittons donc les noires plages de Varkala pour Cochin, une ancienne colonie portuguaise.
Les "filets de pêche chinois" de Cochin:
Louis devient dès lors Monsieur "What Happen?". Les Indiens, très curieux, s'interrogent sur son visage et son bras bandés. Il leur répète les faits, de plus en plus brièvement au fil des jours. Les premiers ont droit à la version in extenso, alors que les suivants auront la version "Je me suis fait mal." D'autant plus que les explications semblent peu efficaces... Les interlocuteurs repartent généralement persuadés qu'il s'agit des séquelles d'un accident de boguet (vélomoteur).
Entre plusieurs aller-retour à l'hôpital, nous avons amplement le temps de visiter Cochin. La ville nous plaît beaucoup, et notre famille d'accueil encore plus. D'ailleurs j'apprends last minute à cuisiner avant le mariage, grâce à Rahana! Nous irons aussi en famille au cinéma, voir un film dédié aux Masala Dosa, tourné à Fort Kochin... (Regardez et vous comprendrez pourquoi nous adorons l'Inde!)
A Cochin se tient la première biennale indienne. L'exposition se déroule dans de magnifiques bâtiments, et autres lieux chargés d'histoire autant que délabrés (mais de façon très charmante).
Ici, une photo de moto (super).
Un petit matin, nous nous levons du bon pied pour partir en grande trompe voir le lavage de l'éléphant, avec Sudheer, notre hôte.
Ici, Sagee, fantastique maître yogi à Cochin, s'interroge sur mon équilibre. En cas d'attaque de moustiques, il m'asperge spontanément d'anti-moustique, pour que je conserve ma concentration. Souvent, les Indiens sont si gentils et inspirants qu'on aimerait les ramener.
Nous passerons une bonne semaine à Cochin, le temps pour Louis de reprendre ses esprits, si ce n'est sa mobilité. Une fois qu'il peut porter son sac, nous partons pour la montagne, direction Kumily! Encore une fois l'hospitalité indienne nous bluffe. Notre nouvel hôte, Raouf, nous fait découvrir la région, et les massages ayurvédiques. Grâce à lui nous partons toute une journée dans le rikshaw de Calèche (conducteur de rikshaw). Son petit plaisir caché? Se recoiffer en douce dans le rétroviseur.
Calèche le bogosse dans son carosse:
Raouf, masseur-logeur (le secret du massage ayurvédique? Le bidon d'huile)
La promenade dans la jungle et la région de Kumily:
Un film très controversé que nous avons la chance de voir dans ce cinéma de montagne:
Puis nous passons par Munnar, ville des Honey moons (encore????).Sympa mais chargé en touristes, pauvre en argent, donc très tendu. Nous bataillons pour trouver un logement à peu près décent mais nous levons tout de même avec la jambe qui gratte.
What happen? Louis passe à la moustache!
S'ensuit une longue (3 jours) montée jusqu'à Gokarna!
Le train hyper-ventilé:
Et à Udupi, temple:
Nous avons décidé de nous reposer à Gokarna, le temps de préparer le retour. Car bientôt pour nous sonneront les cloches (le glas) de la fin d'un beau voyage... Mieux vaut se préparer pour ne pas succomber. Je fais donc la sieste, me baigne et mange pendant que Louis écrit ses visions intérieures. Puis nous jouons au frisbee, nous mangeons, nous baignons et dormons. Ceci pendant une dizaine de jours, dans le bonheur le plus total!
Vaches et yogi en herbe à Gokarna:
La cour intérieure de notre demeure, avec notre logeuse, de dos, à gauche:
Le paradis des animaux, youpie I like:
Le petit chat de la guesthouse nous adopte, au grand dam de son propriétaire, vieil hippie fort jaloux. Il refusera toute la durée du séjour de nous avouer le nom de la matounette. Il tente de la punir de ses infidélités en la privant de nourriture, mais elle nous voue un amour indéfectible (tant que nous logeons au rez-de-chaussée). De retour, nous apprendrons que les bêtes se faufilant sous son pelage immaculé étaient des poux. Heureusement, les bains salés à répétition sembleraient les avoir chassés de notre propre pelage.
Nous partons la mort dans l'âme de Gokarna. Une fois de plus, nous avons sympathisé avec un Indien, Tej (Jet pour les intimes). De la caste des brahmanes, il nous a raconté de vibrantes histoires, tout en nous massant et nous concoctant de délicieux plats. On vous avait dit que c'était le pied.
La Couissine:
Quelques photos de Gokarna en sus:
Dans le bus de nuit pour Hampi, nous renouons avec la Suisse! JièR et Manon Smith, de Lôzane, partagent notre bus! Au petit matin, nous sommes tous très heureux de ne nous réveiller vivants. En plus Louis fête ses 33 ans! Nous célébrons donc cela par une nouvelle amitié qui nous conduira sur les routes de Hampi. Au volant de.... je vous le donne en mille... Une Royale Enfield! Puis le lendemain en scooter, car au moment de rendre la moto, nous avons dû nous battre avec le loueur.
Louis le jour de son anni, il peut conduire le rikshaw. Et ensuite notre ombre... Et surtout celle de la Royal Enfield...
Nos copains!
Petit apparté sur les relations commerciales en Inde: dans les endroits touristiques en particulier, mieux vaut avoir le cuir dur. A la fin de la journée, le loueur de la Royal Enfield ne veut pas nous rembourser, comme convenu, l'essence en sus. L'équivalent de 10 dollars!! Une fortune!! (Oui on sait, on a perdu le sens des valeurs). Après une joute verbale enlevée, nous voilà repartis sans argent mais avec 3 litres d'essence dans des bouteilles en PET. On se dit qu'on est devenus fous mais pas trop mauvais négotiateurs.
La preuve (ici la benzine est rouge, je ne suis pas sûre que ce soit très légal tout ça):
Quelques images des balades dans la région de Hampi:
Nous achevons notre voyage indien à Mysore puis Bengalore, où nous montons un beau matin, sans trop y penser, dans un avion pour Londres...
A Mysore, les vaches font leur marché...